Urbex : 34 Heures dans les catacombes 2010
Présentation
Les Catacombes
Les carrières souterraines de Paris sont un ensemble d'anciennes carrières souterraines reliées entre elles par des galeries d'inspection. Elles sont constituées sous Paris intra-muros de trois réseaux principaux (le plus grand appelé GRS (grand réseau sud) s'étend sous les Ve, VIe, XIVe et XVe arrondissements, le deuxième sous le XIIIe arrondissement et le dernier sous le XVIe) et de multiples autres réseaux et abris (XIIe, XIIIe, XIVeet XVIe arrondissements par exemple). L'ensemble représente une longueur d'environ 280 kilomètres. La fréquentation de ces carrières est interdite par un arrêté préfectoral du 2 novembre 1955, et punie d'une amende de 35€. Une petite partie (environ 1,7 kilomètre), constitue les catacombes de Paris, appelée également ossuaire, et sont officiellement visitables place Denfert-Rochereau, d'autres « ossuaires » existent dans le GRS.
Un reportage a été diffusé sur M6 dans le courant de l'année 2009 : "Les cataflics". Passionné de spéléologie et pratiquant hebdomadaire, je suis intrigué par le monde souterrain au sens large. Je me suis demandé s'il était possible de transposer mon expérience du monde spéléo aux carrières de Paris. De son coté, mon père a visualisé le même reportage avec la même curiosité. Durant l'expédition Maroc 2010, nous avons alors décidé que nous tenterions une aventure catacombesque aussitôt que possible c'est-à-dire deux semaines plus tard. Il faut savoir que l'accès aux carrières de paris est strictement interdit et qu'il est surveillé par l'IGC (depuis 1777) et la police (surtout depuis les années 80 à cause de la surfréquentation).
Préparation
C'est par le biais d'une liste de diffusion dédiée à la spéléologie que nous accédons à toutes les informations nécessaires. Un cataphile (aussi spéléo) nous répond et nous conseille, il nous communique plan, recommandations et situation des entrées. En quelques courriels nous nous faisons une idée de ce que représente ce monde un peu à part.
Un peu de surf sur le net nous donne quelques images et le site www.explographies.com nous éclaire sur l'histoire et nous donne une vision "artistique" de la cartographie des catacombes (plan Nexus). Un peu surfait (animations flash...) et fantaisiste sur certains aspects, il nous donnera tout de même des informations valables.
Jeudi 17 juin 2010
au soir
Finalement, pas grand chose à préparer :
- Quelques sandwiches pour 36h (durée initialement prévue)
- la combinaison de spéléo (pourtant déconseillée)
- Casque spéléo avec piles de rechange et frontale de secours
- Kit de spéléo
- Plan Despé 2006 Format C0 + Plan Nexus Format A3 dans protège carte
- Duvet/Sac à viande et matelas autogonflant
- Bougies pour l'éclairage le soir
- 3 litres d'eau et 1L de vin rouge
- Chaussons néoprène et botines
- Reflex numérique & Flash esclaves
Il nous fallait aussi nous fixer des objectifs concrets :
- |La plage, le cellier, la salle des huîtres|
- |Le cabinet minéralogique|
- |Le bunker sous le lycée montaigne|
- |Le Val-de-Grâce|
- |Le carrefour des morts & ses ossuaires|
Vendredi 18 Juin 2010
16h00
Débauche anticipée negociée au préalable avec mon employeur. Train de Tulle vers Brive-la-Gaillarde.
17h17
Train vers Paris.
21h52
Métro vers xxxxxx, puis xxxxx pour terminer par la station xxxxx. Un peu de marche à pied, quelque obstacles à enjamber puis nous entrons dans la "petite ceinture". Il s'agit d'une ancienne ligne de chemin de fer désafectée.
22h45
Nous suivons cette voie et nous pénètrons alors dans un tunnel, voilà qui nous permet d'enfiler notre combinaison et mettre le casque en toute discrétion. Déjà une rencontre !! un type en treillis avec un joint à la bouche et une vieille lampe de mineur est là. Visiblement un habitué des lieux puisque son visage traduit l'inexpression d'aucune surprise.
23h00 - entrée
Nous suivons de loin ce supposé cataphile, sa lumière nous guide. Arrêté devant un gigantesque tas de poubelle composé essentiellement de cannette de bière 50cl (base de l'alimentation cataphile), le cataphile envisage de rouler son deuxième clou de cercueil avant de pénètrer dans les entrailles de Paname.
Nous entrons. Ni large ni étroite, l'entrée nous amène dans un couloir maçonné encombré de déblais. Difficile de savoir où aller, nous déballons le plan. Notre organisation est médiocre et nous sommes vraiment pas efficace. Nous tâtonnons pour avancer dans ce qui nous semble être un véritable labyrinthe. Enfin des points de repères, les panneaux nous indiquent le nom des rues qui sont aisément reportables sur le plan. C'est infaillible pour se repérer et ça semble être la seule technique valable en ses lieux. Aussi nous voilà parti !!!
Une épaisse fumée arrive sur nous, préservant le mystère de son contenu. De la musique précède deux ou trois groupes de jeunes (18~25 ans) qui chantent et rient. Nous sommes étonnés de croiser autant de monde, nous pensions trouver un eldorado de solitude. Nous découvrons ce qui constitue l'odeur caractéristique des catacombes, un composé d'odeurs bien singulières: urine + chlorate + caramel + pétard. C'est sensoriellement inoubliable !!
Nous nous empêtrons dans presque 80 cm d'eau suivi d'un ramping dans une galerie basse remplie de sable. Nous comprendrons vite que les raccourcis sont souvent de belles complications, il est préférable de prendre les autoroutes des catacombes (galeries de grandes tailles qui couvrent de grandes distances).
Samedi 19 Juin 2010
1h00 - 2 heures écoulées
Nous voilà enfin dans une salle, il semblerait que cela soit "la plage". Un bon endroit pour se restaurer. Au menu : sandwiches, vin rouge et bière. La bière ne semble pas avoir la même saveur, sous terre c'est meilleur. Comme dit le proverbe "Au fond c'est si bon !!!". Autour de nous les premières fresques ont fait leur apparition, de nombreux tags étaient présents sur les murs mais sans véritable esthétique. Ici c'est différent, il y a une certaine recherche : des visages, des champignons, une grande vague (qui donne son nom à la salle), des femmes nues. On peu commencer à entrevoir quels sont les préocuppations majeures du cataphile au travers des peintures rupestres.
les catacombes c'est un lieu de fête et de rencontre !
Jusque là, nous étions seuls, mais un groupe arrive et s'installe pas loin. Mon père se fait passer pour un brigadier chef de la police nationale, ce qui au vu de son accoutrement particulier (combi spéléo) et de son âge assez peu représentatif pouvait comporter une certaine crédibilité. Aussi nous leur demandons leur carte d'identité (pour une fois que c'est à nous de la demander...). Tout était sur le point de fonctionner mais les blagues les plus courtes sont les meilleures, nous avouons la supercherie. Rien de telle qu'une belle frayeur et quelques calembours pour se faire payer une bonne bière. Nous acceptons l'invitation et décidons de déplacer nos affaires auprès des quelques aménagements faisant penser à table & chaises. De grandes discussions commencent sur le thème des catas : qui vient, pourquoi et à quelle fréquence ? Apparemment autour de nous il n'y a que des habitués, ils le sont depuis peu mais habitués tout de même. Un couple de cataphile plus avisé vient se joindre à nous. L'occasion pour nous d'assouvir notre soif de curiosité. D'ailleurs Télébocal est descendu pour assouvir celle de leurs téléspectateurs. Bien évidemment Gérard (mon père et co-équipier d'aventure) est interviewé !!!
Télébocal "Descente dans les catacombes"
2h00 - 3 heures écoulées
Les groupes "migrent", nous profitons du moment pour bouger aussi. Nous suivons Jean, cataphile averti qui nous amène au nord du Grand réseau sud près du bunker au lieu dit l'"anchluss". Cet endroit nous permettrait de dormir confortablement. Là il n'y a pas à réflechir, il faut suivre, et vite...
Nous faisons une visite accélérée du cellier puis du cabinet minéralogique où un type complètement saoûl tapait partout avec un matraque parce que quelqu'un lui avait dérobé sa lampe.
Puis nous contemplerons la galerie des promos. C'est une galerie ornée de fresques énormes faites par les promos successives de l'école des mines qui avait il y a quelques années un accès direct aux catacombes. Nous découvrirons avec amusement une librairie des plus sommaires.
Notre visite continue dans la Rue Saint-Jacques par la présentations des différentes "plaques" qui ornent les murs. Les dates de confortation (1777 la plus ancienne est dans cette partie du réseau) et leur numérotation nous seront expliquées, et les petites histoires qui en découlent nous serons contées par notre guide.
Nous croisons un cataphile qui prétend avoir trouvé une plaque de l'IGC (inspection générale des carrières) datée de 1684. Aussi, nous le suivons avec bien peu d'espoir, en effet il est impossible de trouver une plaque de l'IGC antérieure même à sa création. Nous voyons bien que la plaque comporte l'indication 1684 mais elle semble avoir été un peu plus maladroitement scultée que les autres... Nous apprendrons que l'IGC a été crée en 1777 pour veiller à la santé des sous sols parisiens dans les carrières. L'IGC doit assurer la consolidation des carrières, la surveillance des fontis et l'aménagement du sous sol. Le déplacement des ossements des cimetières à l'intérieur des carrières de paris fera parti des nombreuses tâches entreprises par l'IGC.
Puis nous passons devant une entrée du Val-de-Grâce, ensuite nous verrons la stèle dédiée à Philibert Aspairt et qui porte l'inscription « À la mémoire de Philibert Aspairt perdu dans cette carrière le III (3) Novbre MDCCXCIII (1793) retrouvé onze ans après et inhumé en la même place le XXX (30) Avril MDCCCIV (1804) ». Portier du Val-de-Grâce dans les années troubles de la Révolution française, son corps est retrouvé 11 ans plus tard dans les catacombes. Certains imaginent qu'il s'était lancé à la recherche des caves du couvent des Chartreux. De nombreuses légendes orbitent autour de cette histoire, ce petit folklore local occupera notre imagination durant la nuit.
Nous voilà près du bunker sous le lycée Montaigne. L'"anchluss" se trouve près d'ici, à côté de la rue des pépinières du Luxembourg. En revanche, nous n'avons aucune idée du chemin que nous avons emprunté pour atterrir jusqu'ici.
3h00 - 4 heures écoulées
Jean insiste pour nous emmener encore quelque part mais nous sommes fatigués. Levés depuis hier 6h, la nuit a été particulièrement longue. Aussi nous parlons encore un peu et échangeons nos coordonnées. Il nous communique des informations supplémentaires telles que des lieux remarquables et la situation des sorties. Jean part ensuite vers une sortie du réseau pendant que nous installons notre campement.
Le calme aura été de courte durée, nous sommes déjà dérangés par un groupe de jeunes pas vraiment à jeûn. Il nous est impossible de dormir, nous profitons alors de l'occasion pour manger à nouveau avant de nous coucher.
4h00 - 5 heures écoulées
Le marchand de sable passe....
11h00 - 12 heures écoulées
Escalier bouché remontant à la surface
porte du Bunker allemand sous le lycée Montaigne
Du monde est peut-être passé dans la nuit, mais nous ne nous sommes pas réveillés. Un couple de cataphile trentenaire (âge plutôt avancé dans les catacombes a contrario de la spéléo) débarque peu après notre réveil.
Tract donné par le couple a l'anschluss
Visiblement ils ne fument pas que des gauloises natures. Nous en profitons pour discuter un peu. Nos interlocuteurs nous cataloguent illico comme spéléo. Après leur départ, nous levons le camp en direction du bunker allemand.
Il était interdit de fumer dans le bunker
L'installation électrique a besoin de révision
Nous passons d'abord devant la fontaine des chartreuses, puis nous bifurquons vers l'abri pharmacie. Une lourde porte blindée nous sépare de ce vestige.
A part quelques inscriptions en langue allemande sur les murs et des vieilleries qualifiées de "chiottes bochs", il n'y a rien de réellement transcendant sur la plan strictement historique. Au détour de ces couloirs, nous pouvons tout de même observer de belles fresques.
Sur le trajet, nous traversons des chatières. Ce sont des passages étroits ouverts par les cataphiles pour contourner les murs dressés par l'IGC qui avaient pour but d'éviter la surfréquentation en isolant certaines parties du réseau.
Nous constatons qu'il y a de nombreux essais de déblaiement ou de creusement pour joindre entre elles de nouvelles parties de réseau ou d'anciennes qui auraient été antérieurement condamnées. La majorité de ces travaux clandestins n'est pas encore cartographiée sur notre plan.
Voici un ordre d'idée de notre vision avec notre éclairage
Nous décidons de revenir un peu au sud pour visiter le VDG et la salle Z. En déambulant dans la rue Feuillantine, nous découvrons à notre droite un passage en chatière non indiqué sur notre plan. En toute logique cela ne pouvait mener qu'au Val-de-Grâce, alors nous nous y engageons. Celle-ci s'entend sur environ 15 m et aboutit comme nous l'avions escompté.
14h00 - 15 heures écoulées
Une petite pause repas, cela ne fait pas de mal et allège un peu nos sacs qui ne sont pas si légers que cela !! La suite semble labyrinthique et il n'y a pas de panneau pour s'orienter : le top pour se perdre. Nous débarquons dans la salle de la musique qui revêt un aspect suréaliste. En toute logique, notre périple s'enchaîne sur la découverte de la salle Z. Après s'être perdus durant 25 minutes, nous décidons de suivre les milliers de tags sur les murs pour s'orienter. Plusieurs tags indiquant clairement la direction de la salle Z convergent. Nous décideons de suivre cette piste... Quelques minutes plus tard nous entrons dans un grand volume parsemé de piliers, la salle Z nous tend les bras.
De nombreuses fresques d'une qualité indiscutable ornent les piliers. Nous trouvons une zone betonnée et renforcée par de l'acier qui a été désobée sur plusieurs mètres : c'est impressionnant comme les cataphiles sont efficaces !! La sortie ne semble tout aussi pas évidente à trouver que l'entrée. Nous tournons en rond mais nous finirons par trouver celle-ci. Des pierres retirées du mur dans un escalier en colimaçon laissent apparaître une chatière dans laquelle nous rampons.
16h00 - 17 heures écoulées
Nous regagnons ainsi la rue Saint-Jacques par la rue des Ursulines puis nous empruntons le boulevard Montparnasse. Plein de vestiges des PTT jonchent les recoins de ce boulevard, d'anciens autocommutateurs rouillés, des chemins de câbles vides...et une odeur pestillantielle. Assez rapidement nous arrivons près des premiers ossuaires. Aussi nous nous dirigeons vers le carrefour des morts. La disposition des rues qui compose ce carrefour m'a intrigué au premier coup d'oeil sur le plan.
Nous nous glissons dans une chatière pour entrevoir les ossements du carrefour des morts. Il n'y a aucun crâne car ceux-ci ont probablement été volés, il reste uniquement tibias, fémurs et cubitus.
L'ossuaire du carrefour des morts
Nous profitons de la proximité des escaliers menant au deuxième niveau des catacombes pour y faire un tour. Nous descendons ces escaliers taillés dans la masse pour entrer dans le niveau 2 dont la stabilité semble discutable. Contrairement à ce que nous avons pu constater jusqu'alors, de nombreuses zones sont éboulées ou ébouleuses et les contraintes sur les voûtes semblent trop importantes.
18h00 - 19 heures écoulées
Il est temps de rebrousser chemin. Nous avons l'habitude de progresser dans les catacombes mais avons encore du mal à estimer correctement le temps qu'il nous faut pour rejoindre une autre partie du réseau. Après mures concertations, il parait tout à fait avisé de retourner à l'"anchluss" qui a fait ces preuve en terme d'agréement. Nous choisissons un itinéraire un peu différent pour voir de nouveaux lieux et aussi pour ne pas réemprunter le pestillantiel boulevard Montparnasse. Au carrefour de la rue de l'ouest coté nord et de la transversale nous trouvons une chatière non portée sur le plan. Au vu de ce qu'il y devrait y avoir quelques mètres derrière ce mur, nous pensons que celle-ci mène directement à l'"Anschluss". Effectivement cette chatière relativement plus longue qu'à l'accoutumée nous fera economiser de précieuses minutes.
19h00 - 20 heures écoulées
Arrivés au camps, nous devons récupérer le sommeil manquant de la nuit dernière qui fut relativement mouvementée. Aussi nous pensons que la fréquentation de la partie sud du réseau sera à son apogée entre 22h et 4h du matin avec un risque de "descente accrue" durant cette période. Il nous apparait donc logique de dormir de 22h à 4h du matin, puis de se lever pour effectuer la visite et les photos des zones surfréquentées aux heures creuses. On nous avait signalé que le puits de 20 m présent dans la salle de l'"anschluss" était situé sous les jardins de la fac de pharmacie sous 3m de terre. Petite chose insolite, le téléphone portable capte en dessous de la plaque qui termine ce puits, j'en ai donc profité pour donner des nouvelles à nos femmes !!!! Nous procédons à la dégustation d'un repas éclairé à la bougie puis nous installons notre campement en laissant sécher nos combinaisons et autres vêtements.
21h00 - 22 heures écoulées
Nous sommes allongés dans notre duvet dans le noir absolu mais nous avons de grosses difficultés à fermer l'oeil. "Il est assez peu probable que quelqu'un vienne nous ennuyer à cette heure, alors il faut en profiter pour dormir" me dis-je.
22h00 - 23 heures écoulées
Le sommeil arrive...
Dimanche 20 Juin 2010
00h00 - 25 heures écoulées
Deux personnes débarquent sans bruit, et viennent s'installer pour dormir.
02h00 - 27 heures écoulées
Départ de nos invités surprises.
04h00 - 29 heures écoulées
C'est l'heure du lever, ce coups-ci, c'est un groupe bruyant qui se pointe 2 minutes à peine avant que ma montre ne sonne. On avait vu juste !! Maintenant : direction le sud du réseau pour commencer la séance photo. Nous rejoignons la rue Saint-Jacques pour immortaliser ces belles fresques que nous n'avions qu'à peine entrevues le premier jour dans la galerie des promos.
En marchant, nous distinguons une flaque de sang au sol, humain ou animal ? quelqu'un s'est blessé : on ne le saura jamais ?? On est au beau milieu de saint-Jacques mais pas moyen de trouver la galerie. Nous recroisons le jeune cata "de la plaque 1684" qui nous explique où la trouver sur le plan. Nous la trouvons rapidement, mais il est difficile de faire des clichés car la galerie est étroite et les fresques assez vastes, un grand angle aurait été le bienvenu.
Fresque de la galerie de promo (1996)
Fresque de la galerie de promo (1995)
06h00 - 31 heures écoulées
C'est la course contre la montre car nous ne devons pas louper le train sous aucun prétexte !! Nous recroisons le jeune cata au détour d'un virage et échangeons ce coups-ci quelques mots. Il nous invite alors dans une salle que lui et ses amis ont aménagée sous terre. Deux cataphiles sont déjà là, et nous entrons en grande conversation. Nous leur présentons nos motivations, ils nous expliquent les leurs. Le courant passe, nous restons quelques minutes et leur offrons de la nourriture puis nous échangeons nos coordonnées. Il est temps pour nous de repartir...
07h00 - 32 heures écoulées
Nous empruntons la rue d'Orléans pour nous rendre à la salle des huîtres. En chemin vers celle-ci, nous découvrons une cordonnerie : enfin cela semblait tout du moins en avoir le nom. Nous trouvons facilement la chatière de la salle des huîtres et procédons à une visite en quatrième vitesse. Maintenant nous partons vers le cellier et nous n'avons pas de temps à perdre. En le parcourant de facon plus exhaustive, nous découvrons des tags assez esthétiques !! En rampant dans la deuxième chatière du cellier, je trouve au sol un téléphone portable allumé..
Notre progression frénétique nous amène à la salle Marie-Rose.
08h00 - 33 heures écoulées
Nous terminons par la plage où nous réalisons une grosse scéance photo pour capturer les fresques et les reproductions de toiles de maîtres.
Reproduction de toiles de maîtres
Nous avions initialement prévu de sortir vers 10~11h mais nous avons beaucoup trop accéléré le mouvement !!
Superbe fresque autour de la voute
Vu d'ensemble de la salle dite "La plage"
Au final, nous n'avons pas assez de temps pour faire quelque chose de valable et trop pour sortir tout de suite.
Nous surestimons toujours le temps de déplacement et nous ne pouvons nous permettre de louper le train. Alors nous décidons d'un commun accord de sortir.
Dieu seul sait ce que c'est ?!
09h00 - 34 heures écoulées
C'est déjà la sortie et pourtant on a pris notre temps !
Nous marchons prudemment sur la voie ferrée car nous connaissons le tarif si la ferrovière nous attrape : 130 euros d'amende, 35 euros par les cataflics si c'est dans les catacombes. Peu avant la sortie du tunnel, nous réintégrons des habits plus "civilisés" (sans combi ça aide...).
9h30
Trajet sans histoire dans le métro.
10h15
Nous sommes à la gare sur une terrasse à siroter une bière (pour changer), et nous contactons la personne qui a oublié son portable dans les catacombes. Nous lui donnons rendez vous à la terrasse et, très content de retrouver son bien, il nous offre nos consommations.
12h51
Retour dans nos campagnes....
Conclusion
A contrario des sous-sols de Rome, il n'y a pas stricto sensu de catacombes au dessous de paris car les ossements ont été déposés a posteriori dans des carrières déjà présentes depuis nombre d'années : parlons plutôt de carrières comportant des ossuaires. Ce fût un séjour intéressant mais relativement court, peut être 12h supplémentaires nous auraient permis de faire une visite plus exhaustive du réseau. Par ailleurs d'autres carrières dans d'autres arrondissements présentent des caractéristiques un peu différentes avec peut-être un poil moins de fréquentation. Les cataphiles se sont révélés particulièrement communicatifs et très sympathiques, il faut garder à l'esprit que la plupart des vrais cataphiles sont garant de la conservation des lieux, ce sont les fêtard souterrains et les taggeurs furieux qui dénaturent le site !!! Il y a aura probablement une prochaine visite dans d'autres carrières. Il existe des catacombes à Rome (600km) et des carrières géantes à Odessa (3000km). A suivre...
Glossaire
2 Novembre 1955 : Date où l'on promulgue l'arrêté interdisant l'accès aux carrières de paris.
*ARRÊTÉ DU 2 NOV. 1955 - PRÉFECTURE DE LA SEINE
Art1: il est interdit à toute personne non munie d'une autorisation émanant de l'Inspection Générale des Carrières de la Seine d'ouvrir les portes et trappes d'accès aux escaliers et puits à échelons ou autres des anciennes carrières, de descendre dans ces ouvrages, de pénétrer et de circuler dans les vides des anciennes carrières s'étendant sous l'emprise des voies publiques de la Ville de Paris.
Art2: les contraventions au présent arrêté seront constatées par P.V. des commissaires de police et autres officiers de police judiciaire et des agents de l'IGC ayant qualité pour verbaliser. Elles seront déférées aux tribunaux compétents.
Art3: Le Directeur de la Police Municipale et l'Ingénieur Général des Mines, Inspecteur Général des carrières de la Seine sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au recueil des Actes Administratifs et affiché dans Paris.
Fait à Paris le 2 novembre 1955.
Le Préfet de Police: signé Dubois. *
Anschluss: Désigne une salle aménagée par les cataphiles pour y dormir. Son nom a été certainement l'héritage de la proximité du bunker allemand sous le lycée Montaigne.
Catacombes : Abus de langage relatif aux carrières de Paris.
Cataflics : brigade sportive spécialisée dans les interventions souterraines. 300 personnes par an sont en moyenne verbalisées à hauteur de 35 euros et raccompagnées à la sortie des carrières.
Catalampe : Lampe fabriquée "maison" par les cataphiles avec une cannette de bière et une bougie.
Cataphile : Amateur de visites clandestines des anciennes carrières souterraines de Paris ou catas.
Cataphilie : Activité du cataphile, branche de l'exploration urbaine.
catas : Diminutif de catacombes.
Corps blanc : Au détour d'une galerie, il arrive parfois dans le GRS, de croiser de mystérieuses silhouettes blanches peintes sur les parois. Ces "ombres" blanches sont l'oeuvre de l'artiste Jérôme Mesnager.
Exploration Urbaine : Désigne le fait de recueillir des données sur des zones publiques du paysage urbain, délaissées tout ou partie du temps, en vue d'y accéder et de les utiliser. La cataphilie est donc une pratique de l'exploration urbaine.
FC : Frotte Connard, mouvement de taggeurs extrémistes qui provoquent les "conservateurs" en dessinant les initiales FC partout dans le réseau.
GRS : Grand Réseau Sud, le réseau de carrières le plus important de Paris (avant celui du XIIIème).
Katastar : Personnage illustre dans l'histoire des carrières de paris.
Kta : En réfère au monde des cataphiles.
IGC : Inspection générale des carrières.
Ossuaire : Récipient, construction ou tout autre site destiné à accueillir des ossements humains.
Philibert Aspairt: D'après la légende il s'agit de l’homme qui est mort une nuit de 1793 en allant explorer les catacombes à la recherche du trésor des chartreux qu’il n’a jamais trouvé. Une véritable katastar à titre postume.
Saratte : Jean-Claude Saratte, ancien spéléo, inspecteur divisionnaire qui était chargé de la surveillance des carrières de Paris jusqu'en 2000 ou il prend sa retraite (Equipe de recherche et d'intervention en carrières). «Papa Saratte» a servi durant 21 années en ayant une certaine compréhension vis-à-vis des cataphiles, il s'éléve ainsi au rang de katastar.
Tracts : Comme une tradition, ce petit morceau de papier dessiné ou reprographié est laissé par les visiteurs des catacombes. Vecteur de communication, il véhicule de l'humour, des revendications, ou informe d'une manifestation.
Urbex : voir Exploration Urbaine.
VDG : Diminutif de Val-de-Grâce, réseau de galeries sous l'hopital du Val-de-Grâce.
Vidéos
La faune des sous-sols de paris
Catacombes, Dans les entrailles de Paris
Dernière descente de JC Saratte
Petit tour dans le GRS via bobillot
Cataflics patrouille sous la ville
- Les photos ont été prises avec un reflex numérique "pentax k200d" et un vieil objectif à focale fixe "smc-m pentax 28mm" ouvrant à F2.8.
Le 2010-07-09